La guerre en Ukraine comprend de nombreux combats dans les tranchées. Avec des techniques déjà éprouvées, telles que l’emploi de l’artillerie, d’obusiers et de mortiers. On assiste aussi à des modifications du matériel pour contrer la couverture des soldats.
Les tranchées sont devenues un élément clé de la guerre. Elles offrent une protection contre les tirs ennemis et figent la ligne de front. Près de Zaporijia se sont par exemple 72 kilomètres de tranchées qui ont été creusées par les russes. Ce chiffre explose au niveau de la Crimée.
Les soldats font face à des conditions difficiles : bombardements, solitude et températures extrêmes. Si certaines vidéos montrent la construction d’installations confortables, comme la présence de saunas artisanaux, la grande majorité des combattants patauge dans la boue et dort à même le sol. L’attente est interminable et les combats féroces.
Pour ouvrir le front, certains bataillons russes comme ukrainiens utilisent des armes artisanales. Les drones civils convertis pour transporter et larguer des engins explosifs font des ravages. Leur fragilité est compensée par le faible coût du dispositif qui permet de parier sur la quantité. L’armée ukrainienne a ainsi constitué ce qu’elle appelle une armée de drone. Plusieurs organisations civiles européennes ont lancé des collectes de fonds pour acheter et livrer ces engins. Le vice-premier ministre d’Ukraine, Mykhaïlo Albertovytch Fedorov, fait régulièrement la promotion de ce type de matériel.
Mais ce ne sont pas les seuls outils détournés de leur usage. Les soldats ont appris à s’adapter et à modifier leur équipement. L’une des plus controversées est la transformation de roquettes en armes à sous-munitions. Il s’agit de scotcher des balles et des grenades pour élargir la surface de dégât lors de l’explosion. Mais les armes modifiées peuvent être dangereuses pour l’opérateur. Moins fiables et moins précises, le risque d’accident est accru.
Avant les offensives et contre-offensives, on épuise les effectifs adverses. Aussitôt les renforts arrivés, il faut déblayer les corps de ses frères d’arme. L’horreur est partout et la mort s’accumule. Si bien que sur certaines images, on voit les soldats tenter d’échapper aux tirs adverses en se cachant sous les cadavres.
Après les bombardements, c’est au tour des nettoyeurs d’intervenir. Ils passent dans les tranchées, fusil au poing et achève les blessés. Cette pratique est présente dans les deux camps. Au delà des offensives blindées, la guerre en Ukraine est avant tout une guerre de tranchées, où l’infanterie attend son heure.
Le contexte : Entre la menace adverse et la terreur : les suicides
Il n’y a pas de données officielles à ce sujet, cependant des témoignages de soldats et de journalistes ont mis en évidence le phénomène. En 2016, Reuters rapporte le cas de plusieurs soldats ukrainiens retrouvés morts dans leur tranchée, apparemment après s’être suicidés. Les soldats ont été confrontés à des conditions de vie extrêmement difficiles, notamment des températures glaciales, des tirs d’artillerie constants et de longues périodes d’isolement. Des images du front montrent des centaines de cratères autour des tranchées et rappellent l’enfer de Verdun.
Si les autorités ukrainiennes ont reconnu le problème et ont renforcé le soutien psychologique, les vidéos de torture contre des soldats ukrainiens contribuent lourdement au suicide. Du côté russe, les soldats qui s’ôtent la vie sont conditionnés par la stratégie de terreur du Kremlin contre ses déserteurs. Comme l’illustre la vidéo suivante où un soldat blessé dans sa tranchée préfère se tirer une balle que d’être capturé.
https://twitter.com/i/status/1656681509435179009
Cette tendance repose sur les exactions commises par l’armée russe contre ses propres soldats. Si les autorités démentent la pratique, des éléments du groupe Wagner ont pourtant diffusé une vidéo d’une rare violence. Evguéni Noujine, soldat russe ayant déserté puis récupéré par les troupes de Wagner a le visage scotché contre une pierre. Un mercenaire l’exécute à coup de masse. Cet homme est un cas particulier puisqu’il a choisi de fuir pour combattre aux côtés des forces ukrainiennes.
Mais d’autres actualités soulignent des pressions tous azimuts. Au début de la guerre, Daniil Froklin participe aux exactions dans la banlieue de Kiev. Interrogé par le média IStorie, il avoue avoir assassiné Yaremchuk, un civil ukrainien. Et précise avoir reçu l’ordre de son supérieur. Un tribunal militaire russe le condamne à 5 ans de prison pour désinformation contre l’armée. En mars 2023 le Kremlin annonce la suspension de sa peine de prison, sans que l’on sache où il se trouve.
D’après des mères et femmes de soldats, les hommes qui ont refusé de combattre au début de la guerre ont été enfermés, notamment à Zavitne Bazhannia. 21 d’entre elles ont témoigné auprès du média The Insider. En 2022, Elena Kashina indique que son époux est privé de nourriture et menacé d’exécution si il ne retourne pas au front. Elle n’a plus reçu de nouvelles de sa part.
Avec l’élargissement de la mobilisation, de nombreux soldats manquent de préparation et de motivation. D’après le ministère de la Défense du Royaume-Uni, ceux qui fuient les tranchées risquent d’être tués par les soldats de l’arrière « Des unités de blocage peuvent menacer leurs propres soldats et ont déjà été utilisés lors de précédentes guerres de la Russie. » Ces alertes s’intensifient en marge de scène de mutinerie, comme celle ci :
Absolutely incredible scenes of mobilised soldiers from Kazan openly telling their commanding officer to fx#k off, shouting at him for arriving drunk, demanding to know why OMON security troops have arrived and finally calling him a fagot. Has a flavour of 1917 mutiny about it. pic.twitter.com/AT1OEBy8PI
— Boris Lozhkin (@notowarprotest) November 6, 2022
Le Kremlin continue de nier mais des vidéos d’enrôlement de prisonniers au profit du groupe Wagner, ont exposé des menaces claires de la part des instructeurs : les personnes qui désertent ou se rendent, seront exécutées.