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Banalisation des morts pour la presse : 3 journalistes assassinés au Mexique

Banalisation des morts pour la presse : 3 journalistes assassinés au Mexique


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Ses alertes passées auprès du Président mexicain n’auront pas suffit à préserver sa vie. La journaliste Maldonado Lopez a été tuée dans sa voiture le 23 janvier, peu après l’assassinat du photoreporter Margarito Martinez et du directeur de publication José Luis Gamboa Arenas

Les faits : les journalistes mexicains manifestent le 25 janvier sous le cri de ralliement : "Ni silence,ni oubli, on ne tue pas la vérité, journalisme en danger"

Au Mexique 7 journalistes ont été assassinés en 2021. A peine un mois après le début de la nouvelle année, le pays compte déjà trois assassinats d’employés de média. Menacés, les professionnels de l’information ne bénéficient que rarement d’une protection policière.

Margarito Martinez à 49 ans est spécialiste de l’information policière. Il subissait des menaces sur les réseaux sociaux depuis de longues années. Il est assassiné le 17 janvier à la sortie de son domicile alors qu’il partait couvrir un homicide.

Travaillant pour le quotidien Baja California et le journal Zeta, la directrice de ce dernier a affirmé à RSF¹, que le journaliste subissait des pressions depuis 2019 de la part de certains policiers.

Nombre de journalistes assassinés dans le monde depuis les attentats de Charlie Hebdo : 431

Mais c’est en 2021 que la menace se précise. Elle émane des criminels locaux, certains vont jusqu’à l’intimider en pleine rue. Il demande alors une protection policière qui lui sera refusée pour des raisons administratives².

Le contexte : une banalisation de l’omerta

Si les journalistes enquêtant sur les homicides et criminels sont si souvent ciblés au Mexique, c’est en raison de la nature des meurtres sur lesquels ils enquêtent. Loin de la rubrique des chiens écrasés, les homicides dans une zone portuaire, tel que celui traité par Jose Luis Gamboa Arenas, assassiné lui aussi début janvier, mettent l’objectif sur des réseaux mafieux dont la discrétion est déterminante pour la continuité de leurs trafics.

L’on pourrait croire que ces journalistes sont assassinés en raison d’une audience et d’une notoriété forte, mais la réalité est plus amère. C’est une fois assassiné, qu’ils deviennent connus. José Luis était suivi par seulement 1000 personnes sur les réseaux sociaux bien que ses enquêtes dénonçaient des liens entre les autorités politiques locales et les milieux criminels³. Ces assassinats poursuivent donc deux objectifs : intimider et étouffer les affaires, quelque soit le niveau d’exactitude des papiers des journalistes ou leur renommé.



Les nouveaux mécanismes politiques et économiques qui avaient surgi depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA et l’ouverture consécutive de nouveaux espaces géographiques et territoriaux, de marchés et d’entreprises entraînèrent un certain laxisme quant aux obligations de l’État et elles favorisèrent l’activité comme l’intégration dans l’économie capitalistique légale d’acteurs criminels agressifs, violents, prédateurs et amoraux, mais innovants, rationnels, opportunistes dans leurs appétits, plus mobiles et peu scrupuleux.

De la sorte, et au-delà des représentations réductrices comme des simplifications économicistes d’un problème très riche et complexe, ce sont des entreprises violentes de produits illégaux et légaux qui impulsèrent de nouvelles règles du jeu et s’emparèrent comme fortuitement des marchés légaux, fortes qu’elles étaient de leur robuste disponibilité financière afin d’investir sans le moindre coût (accumulation primitive du capital produit par les activités criminelles) : dissuasion par l’intimidation ; violences sur ou élimination (assassinat) de la concurrence ; « personnel » flexible (hommes de main et gardes, bandes) à bas salaire ; clients privés et publics liés par leurs intérêts et par la peur.

Les enjeux : Que chaque atteinte contre la presse résonne

L’objectif étant d’intimider ou de faire taire une personne avant que son audience n’ébruite les crimes, l’enjeu est donc de médiatiser au maximum chaque assassinat et menace. C’est un rapport de force qui doit être constitué pour que l’intimidation change de camp. Médiatiser la mort d’un journaliste, au-delà de l’hommage, revient de facto à mettre en valeur la nature de ses enquêtes et donc renforce la pression contre les réseaux criminels.

La logique voudrait que ce soit aussi à la justice de répondre. Mais pour des États où les menaces et compromissions s’insinuent dans chaque administration, il y a peut à attendre des autorités qui elles même, sont menacées. C’est bien l’exposition des assassinats et les mobilisations populaires qui peuvent réduire l’espace de nuisance des milieux mafieux, en cassant l’omerta. Nos sociétés qui à juste titre savent rendre hommage suites à des attentats ou des crises sociales, devraient peut-être penser de la même manière leur soutien aux journalistes assassinés. Hors depuis l’affichage des otages français au Sahel sur la Mairie de Paris, ou les hommages à Charlie Hebdo, on a peu vu dans l’hexagone de solidarité comparables pour des journalistes. Comme si finalement, assassiner les lanceurs d’alerte était un fait divers sans répercussion. Hors depuis Charlie Hebdo, 431 journalistes ont été assassinés dans le monde en raison de leur travail.

Sources :

1 – Alerte de RSF « Mexique : l’année 2022 débute dans un bain de sang pour les journalistes : https://rsf.org/fr/actualites/mexique-lannee-2022-debute-dans-un-bain-de-sang-pour-les-journalistes

2 – Article de l’Express, 25 janvier 2022 : Mexique, les ratés de la protection des journalistes : https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/mexique-les-rates-de-la-protection-des-journalistes_2166754.html

3 – Site internet géré par José Luis  Gamboa Arenas : https://inforegio.wordpress.com/?fbclid=IwAR2KOE5Y7q77elD_RUbuCb7c3KGS8spf2yPExxCdU-9Mm8-vkIjKls16SHE

4 – Fazio Carlos, Korinman Marie-Alice, « Criminalité et décomposition de l’État mexicain », Outre-Terre, 2015/2 (N° 43) : https://www.cairn.info/revue-outre-terre2-2015-2-page-69.htm