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L’ONU va rappeler aux autorités burkinabè l’interdiction d’utiliser son logo hors des mandats internationaux

L’ONU va rappeler aux autorités burkinabè l’interdiction d’utiliser son logo hors des mandats internationaux

burkina faso onu
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Plusieurs médias ont diffusé des vidéos du putsch exposant des militaires burkinabè tenant des drapeaux russes sur des véhicules portant le logo de l’ONU. Problème : il n’est pas censé y avoir des véhicules des Nations Unis au Burkina Faso. Nous avons vérifié la situation.

Les faits : Un changement de pouvoir par les armes

Le 30 septembre une partie de l’armée brukinabè s’est révoltée contre le chef de l’État Paul-Henri Sandaogo Damiba. Lui même arrivé au pouvoir à la suite d’un putsch.

Rapidement les militaires sortent les véhicules des casernes pour contrôler des axes routiers et appuyer la mutinerie. Elle se soldera par la mise au pouvoir d’Ibrahim Traoré. Dans la foulée quelques manifestants sortent dans les rues en arborant un drapeau de la Russie.

Cet évènement a été appuyé par plusieurs pages de désinformation. Diffusant notamment les images d’un exercice des militaires burkinabè réalisé le lundi 25 septembre et transformé vendredi en parachutage des forces spéciales françaises. On y voit des commentaires appelant à attaquer les biens français et à expulser son armée. Durant le weekend des manifestants ont incendié l’ambassade de France et pillé le matériel de l’Institut Français de Ouagadougou.

De vendredi à dimanche plusieurs vidéos ont été diffusées montrant des blindés peints en blanc et portant le logo de l’ONU. ils sont conduits par des militaires burkinabè. L’un d’entre eux monte sur un véhicule et agite un drapeau de la Russie. L’image fait rapidement le tour de la planète. Plusieurs internautes doutent de la véracité de ces images, rappelant que les Nations-Unis n’ont pas de mission opérationnelle au Burkina. Pour d’autres, ces images proviendraient du Darfour.

 

 

La vérification : Ces vidéos ont bien été tournées au Burkina Faso durant le putsch

La recherche inversée d’image confirme le caractère récent des vidéos. Aucune occurrence avant le 30 septembre. Pragma Média contacte alors les journalistes ayant diffusé ces images en France. Wassim Nasr journaliste à France 24 nous répond « Ces images sont dans toutes les agences de presse ».

Mais comment des véhicules portant le logo de l’ONU peuvent-ils se trouver à Ouagadougou ? Il nous précise leur origine : « Ce sont des véhicules qui étaient supposés servir une mission avortée en République Centrafricaine. »

En effet le Burkina Faso participe aux forces de Police de la MINUSCA en mettant à disposition 57 de ses concitoyens. C’est d’ailleurs le général burkinabè Sidiki Traoré qui brigue le rôle de Commandant de la force internationale depuis février 2020.

Contacté par notre rédaction, Stephane Dujarric porte parole du Secrétariat Général de l’ONU explique que « Les véhicules des missions de l’ONU appartiennent aux armées contributrices et leur reviennent après mission. » Il ajoute : « il n’est cependant pas autorisé d’utiliser des véhicules blancs avec un logo de l’ONU en dehors de leur mandat officiel. »

Ces images sont donc bien tournées à Ouagadougou mais les véhicules n’auraient pas du sortir des casernes sans être repeints. Il n’est pas possible pour le moment de déterminer quels éléments du putsch ont décidé de les utiliser pour une mission autre que le mandat de la MINUSCA. Il peut s’agir d’actions isolées ayant bénéficié du chaos.

Face à la polémique engendrée et qui expose les légèretés de certains militaires avec les conventions internationales signées par leur pays, Stephane Dujarric précise « Nous allons contacter les autorités du Burkina Faso pour rappeler les conventions ».

Les acteurs en relation avec l’Etat Burkinabè semblent chercher l’apaisement. La junte a d’ailleurs envoyé de premiers signaux positifs. Dimanche les images de l’ambassade de France incendiée par des manifestants ont été abondamment relayées. Mais les nouvelles autorités ont envoyé dans la journée des militaires pour raisonner la foule et protéger le périmètre du bâtiment.