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Cette alternative à l’huile de palme pourrait réduire la déforestation

Cette alternative à l’huile de palme pourrait réduire la déforestation

C16 Bioscience pourrait réaliser une percée historique sur le marché des huiles végétales
C16 Bioscience pourrait réaliser une percée historique sur le marché des huiles végétales
C16 Bioscience pourrait réaliser une percée historique sur le marché des huiles végétales
C16 Bioscience pourrait réaliser une percée historique sur le marché des huiles végétales

Devenue le symbole de la déforestation, l’huile de palme est de plus en plus redoutée par les consommateurs et les écologistes. Encore faut-il comprendre la problématique ayant propulsé ce produit dans l’industrie alimentaire et cosmétique. C’est le point de départ du travail de plusieurs chercheurs qui  développent une nouvelle huile végétale.

Les faits : L’huile de palme possède le rendement le plus élevé

L’huile de palme représente un chiffre d’affaire mondial de plus de 63 milliards de dollars par an. Si cette monoculture se répand sur le globe ce n’est pas sans raison. Selon le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, le palmier à huile produit en moyenne 4 tonnes du précieux liquide par an et par hectare.

En comparaison, un hectare de colza produit 600 kilos d’huile, le tournesol 420 et le soja 360. Il faudrait donc 10 fois plus de terre agricole si l’on remplaçait l’huile de palme par celle du soja. De quoi réviser les réflexes de consommateurs qui cherchent d’autres huiles dans la composition des produits qu’ils achètent.

Pour autant cette monoculture n’est pas soutenable. En Malaisie la superficie consacrée était de 3,3 millions d’hectares en 1970. Ce chiffre a atteint les 28,7 millions. Pour suivre l’augmentation de la demande en huile, les agriculteurs mettent le feu aux forêts humides.

Les enjeux : dépasser le rendement du palmier par la bio-technologie

Des chercheurs estiment qu’une solution pouvant réduire la déforestation repose sur le développement d’une huile avec un rendement supérieur au palmier. C16 Biosciences s’est ainsi fondé en 2018 à New York par l’association entre plusieurs chercheurs et un investisseur privé. Ils travaillent sur la fermentation de levure et les modifications génétiques. Leur premier résultat s’intitule huile de Torula.

Pour appuyer sa publicité et attirer les collaborations, le laboratoire a mis en place une plateforme de communication : Palmless. L’objectif est de convaincre les industriels de remplacer l’huile de palme par cette bio-technologie. Mais pour cela le laboratoire va devoir remplir un défi : proposer un produit moins cher.

La levure présentée par C16 Bioscience a ciblé les contraintes qui pèsent sur la culture de palmier : pour pousser, ces arbres nécessitent un climat tropical. Et donc cible des zones forestières. De plus il faut plusieurs années avant de pouvoir produire de l’huile et 7 ans pour un rendement maximal. Sans compter la perte de fertilité des sols par la monoculture et les traitements appliqués aux palmiers. De quoi offrir une fenêtre de tir pour compenser les coûts en recherche et développement ainsi que les charges liées à la culture de levure.

Le pari semble réussi puisque selon Shara Ticku, co-fondatrice du laboratoire « notre procédé nécessite moins de 7 jours pour commencer à produire ». Basée aux États-Unis, la firme doit encore faire valider son produit par la Food and Drug Administration, un service du ministère de l’agriculture américain. Dans un premier temps C16 s’est attaqué au marché des huiles cosmétiques, qui ne nécessitent pas l’accord de la FDA. Suivi d’une ambition sur les bio carburant, secteur qui a fait exploser la demande mondiale en huile.

Pour le secteur alimentaire : « nous prévoyons une mise sur le marché pour 2024 ». Une étape technique mais qui pourrait s’avérer complexe. Les USA possèdent une réglementation particulière. Elle a déjà engendré l’interdiction de plusieurs fromages français à partir d’une règles stipulant que le taux de moisissure d’un fromage ne doit pas dépasser 39 % de son poids total.

Qu’en est-il pour l’huile végétale ? La FDA réglemente ces produits par essence : d’avocat, de noix de coco, de palme etc. Hors l’huile du C16 Biosciences ne fait parti d’aucune de ces catégories et devra faire l’objet d’une réglementation à part entière. Le laboratoire se concentre donc sur la qualité nutritive de son produit « il faut un micro organisme robuste, peu sensible aux écarts de température ou de PH […] nous avons démontré la capacité de production à partir du glucose, glycérol, saccharose et de multiples sources de carbone ».

Shara Ticku est confiante sur l’homologation de son produit « tous les acides gras que nous développons existent déjà dans le régime alimentaire de l’homme.» Loin d’une expérimentation isolée dans un laboratoire, l’entreprise a déjà testé l’industrialisation de sa production « Nous avons réussi à produire 50.000 litres d’huile végétale par fermentation ». Cette production est pour le moment destinée au secteur des cosmétiques.