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Affaire Benalla-Makhmudov : Anticor porte plainte

Affaire Benalla-Makhmudov : Anticor porte plainte

L’homme de main et homme d’affaire de nouveau exposé par une action judiciaire. L’association Anticor déplore l’absence d’évolution dans l’enquête préliminaire initiée il y a 3 ans au sujet des contrats russes en lien avec des proches d’Alexandre Benalla. L’affaire se concentre sur les contrats d’une société de sécurité privée avec un homme d’affaire suspecté de lien avec la mafia russe Izmaïlovskaïa.

Les faits : Anticor demande la nomination d’un juge d’instruction

La liste des accusations est impressionnante : tentative de corruption, trafic d’influence, faux et usage de faux, blanchiment de fraude fiscale et abus de biens sociaux. Anticor souhaite la nomination d’un juge d’instruction indépendant. L’enquête préliminaire ouverte en 2019 suite aux révélations de Mediapart est actuellement entre les mains du Parquet National Financier.

Médiapart dans son article du 12 juillet accuse : « Alexandre Benalla a été l’architecte, en 2018, d’un premier contrat de sécurité avec l’oligarque russe Iskander Makhmudov. Signé avec la société Mars, créée par Vincent Crase, acolyte d’Alexandre Benalla alors chargé de la sécurité du parti La République en marche (LREM), ce contrat prévoyait la protection des biens immobiliers en France de l’homme d’affaires, et de sa famille à Monaco. »

Au delà des accusations de crimes financiers, l’enjeu porte sur la sécurité nationale. L’hypothèse d’un service de sécurité du groupe présidentielle et de l’Elysée en négociation avec des intérêts de la Russie constitue une énième vulnérabilité. La situation soulève des questions en terme d’espionnage au sein du Palais du présidentiel, Benalla ayant une habilitation Secret Défense. Anticor précise : « Dans ces conditions, Alexandre Benalla se devait de respecter une obligation de loyauté et de confidentialité bien supérieure à celle d’un fonctionnaire lambda ou d’un citoyen investi d’une mission de service public ».

En 2019 le rapport d’enquête du Sénat stipule
« qu’il ne fait en effet nul doute que les relations entretenues avec un oligarque russe par un collaborateur de l’Élysée directement impliqué dans la sécurité de la présidence de la République (…) en raison de la dépendance financière qu’elles impliquent, seraient de nature à affecter la sécurité du chef de l’État et, au-delà, les intérêts de notre pays. »

Le contexte : S’ajoute la crainte d’un réseau maffieux

En 2018 lorsque les images de violences d’Alexandre Benalla contre des manifestants hostiles sont diffusées, un contrat passé entre l’oligarque Iskander Makhmudov et la société Mars, détenue par un proche d’Alexandre Benalla, est suspendu. Dans le même temps un second contrat est réalisé avec la Société France Close Protection, qui selon Mediapart reste liée à Alexandre Benalla et ses actions de médiations.

Ces contrats concernent la protection de bien immobilier de l’homme d’affaire Iskander Makhmudov. Il possède en France le Château des Pins à Soings-en-Sologne, des terrains de chasse de 500 hectares à Ménars et une villa à Ramatuelle dans le Var. Iskander est Président fondateur de l’entreprise russe Ural Mining and Metallurgical Company. Les intérêts de l’entreprise sont intimement liés aux intérêts de la Russie, il est proche de Vladimir Poutine, comme tout oligarque autorisé à poursuivre ses affaires.

Iskanker Makhmudov lors de l’existence de l’URSS est déjà conseiller en commerce extérieur auprès du ministère de la construction des entreprises de l’industrie pétrolière et gazière. Ses relations lui permettent de profiter de la fin de l’Union Soviétique pour établir ses sociétés.

Jusque là rien d’extraordinaire. L’actualité judiciaire allemande et espagnole présentent néanmoins un tout autre personnage. L’homme d’affaire pour lequel Alexandre Benalla aurait jouer les facilitateurs, tout en travaillant au sein de l’Elysée, est accusé d’entretenir des affaires avec l’organisation maffieuse Izmaïlovskaïa, dont l’épicentre se trouve à Moscou.

Le journal allemand Spiegel annonce en 2007 que la justice de son pays vient d’arrêter un homme suspecté d’être un cadre de la mafia russe. Les enquêteurs dénoncent alors un système de versement de fonds illicites vers la Russie et poursuivent la recherche de complices.

En 2016 selon Médiapart, Iskander Makhmudov est suspecté par la justice allemande, de lien avec Izmaïlovskaïa. On évoque alors un réseau de blanchiment d’argent entre le Panama, les îles Vierges Britanniques, Chypres et les Seychelles. S’expose aussi son rôle d’actionnaire majoritaire au sein de Transmashholding, partenaire des activités d’Alstom et Bouygues Telecom en Russie.

A cette époque l’homme d’affaire est aussi membre de l’Association du dialogue Franco-Russe fondée par Vladimir Yakunin, ancien patron des chemins de fer russe et Thierry Mariani membre de Les Républicains passé ensuite au Rassemblement National.

La même année le chef du bureau de la police criminelle fédérale allemande dénonce à l’AFP une augmentation considérable des actions et de l’influence maffieuse russe. Allant jusqu’à évoquer des pertes en milliards de dollars pour le fisc allemand. Il estime alors qu’entre 20.000 et 40.000 personnes en Allemagne sont en lien avec les intérêts de l’organisation maffieuse. Il dénonçait l’ambition de l’Izmaïlovskaïa de s’étendre plus à l’ouest. Nous sommes alors 12 ans avant l’affaire russe de Benalla.