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La Seine sera impropre à la baignade pour les JO 2024, selon France Nature Environnement

La Seine sera impropre à la baignade pour les JO 2024, selon France Nature Environnement


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Dinkum, CC0, via Wikimedia Commons
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Dinkum, CC0, via Wikimedia Commons
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Début février lorsque je consulte le Journal Officiel j’aperçois un décret qui espère faire en deux ans ce qui n’a pu être réalisé en plusieurs décennies : passer la qualité de l’eau fluviale de la capitale sous les taux nécessaires à la baignade en vue des JO 2024 à Paris. Je demande alors des informations complémentaires à plusieurs associations en lien avec la qualité des eaux. Et selon France Nature Environnement, il est impossible de mener à bien cet objectif dans le temps imparti : nous dirigeons nous vers une dérogation ?

Les faits : Un désir d’inclure la Seine dans les JO et une pollution bien présente

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a exprimé son souhait d’accueillir plusieurs disciplines olympiques dans les eaux faisant face à la Tour Eiffel dont le triathlon et le 10km nage libre. Au delà des Jeux Olympiques, Madame Hidalgo souhaite ouvrir cinq espace de baignade pour 2025.

Dans le Journal Officiel du 1er février 2022 est publié le décret n° 2022-93 du 31 janvier 2022, fixant la liste des territoires dont les rejets d’eaux usées et pluviales ont une incidence sur la qualité de l’eau pour les épreuves olympiques de nage libre et de triathlon en Seine. 71 communes sont listées et reçoivent l’ordre d’améliorer l’assainissement de leurs réseaux¹. Sont particulièrement ciblés, les bailleurs et les rejets d’eaux usées. Les propriétaires ou leurs mandataires ont deux ans pour se mettre en conformité.

Le contexte : Il faut 4 années de bons résultats pour remplir les exigences de baignade

La législation encadrant les autorisations de baignades repose sur des relevés de qualités chimiques et microbiologiques. « Les résultats doivent être conformes aux normes durant quatre années consécutive pour permettre la baignade », m’explique Michel Riottot, président d’honneur de l’association France Nature Environnement d’Île-De-France (FNE-IDF). Il est donc impossible d’obtenir ces autorisations pour les Jeux Olympiques de 2024 : « le nettoyage dans les temps impartis est impossible et la législation si elle n’est pas contournée l’empêche dès à présent. »

L'autorisation de baignade : Elle est déterminée par l’analyse microbiologique de deux genres de bactéries d’origine fécale potentiellement dangereuses pour l’homme : Entérocoques intestinaux et Escherichia coli. Une baignade est autorisée si, pendant quatre ans et avec quatre prélèvements par an en des points de surveillance déterminés par l’Agence régionale de santé, la moyenne des mesures plus son écart type n’a pas dépassé la valeur seuil fixée par la directive.

Directive européenne 2006/7 du Parlement européen du 15 février 2006

Dans sa revue Liaison n°190², FNE explique l’ampleur des travaux à réaliser en listant les causes de la pollution de la Seine : de mauvais branchements d’eaux vannes sur le réseau fluvial et qui se déverse directement dans le fleuve et les rivières attenantes. S’ajoute les déversoirs d’orage des égouts de Paris et les usines d’assainissement de l’eau en amont. Michel Riottot précise : « Des progrès ont été accomplis : il y avait 4 espèces de poissons recensés à Paris en 1970 il y en a plus de 30 en ce moment. Mais il faudra encore un effort financier colossal, qui prendra des dizaines d’années ».³

Le préfet d’Île-De-France s’est aussi vu doté d’une task force en 2019 par l’agence de l’eau Seine-Normandie. La mission consiste à mettre en application les mesures nécessaires à la dépollution et s’articule autour de cinq groupe de pilotage allant des stations d’épuration aux contrôle du rejet d’eaux usées des bateaux. Parmi ces objectifs de la Task Force, le décret précédemment cité s’inscrit dans le groupe « suppression des mauvais branchements ».

Les enjeux : risque de dérogation et normes négligées face aux impératifs de prestige et économique :

Si Anne Hidalgo a d’abord indiqué que son ambition était conditionnée à la dépollution de la Seine, le symbolisme de deux disciplines pratiquées sur la Seine devant la Tour Eiffel risque de passer avant les impératifs sanitaires. Toute image de prestige fait parti des bénéfices espérés par les organisateurs de compétition aussi coûteuse. Il est souhaité d’avoir des retombés en terme de consommation et de tourisme à la fois au moment de la compétition mais aussi dans la durée. Et pour cela la campagne de communication de Paris a clairement signifié ses attentes concernant la possibilité de se baigner.

Ainsi comme pour beaucoup d’autres chantiers et projets économiques non conformes aux réglementations, mais dont les retombés sont inscrites comme d’intérêt général, il y a fort à parier que la Seine bénéficiera d’une dérogation pour autoriser la baignade durant la compétition.

Si l’on peut s’étonner de voir un décret mettant l’urgence d’une telle dépollution sous l’enjeu d’un évènement sportif, l’on peut néanmoins apprécier l’accélération des mesures visant à rendre les eaux fluviales plus propres. Qui constitue l’un des pans à traiter pour assainir la Seine selon FNE. Au regard des causes économiques et de prestige animant la mobilisation de l’État, il conviendra néanmoins de rester vigilent sur la rigueur de cette dépollution, une fois les jeux olympiques terminés.

Sources :

1 – Décret n°2022-93 du 31 janvier 2022 fixant la listes des territoires dont les rejets d’eaux usées et pluviales ont une incidence sur la qualité de l’eau pour les épreuves olympiques de nage libre et de triathlon en Seine : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045097730
2 – Revue Liaison n°190, publiée par Nature France environnement : https://fne-idf.fr/PDF/Liaison/190.pdf
3 – Réponse à Pragma Média, par mail, de Michel Riottot, président d’honneur de NFE-IDF.