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La Moldavie se prépare à l’exil et veut sanctionner des oligarques

La Moldavie se prépare à l’exil et veut sanctionner des oligarques

Maia Sandu présidente de la République de Moldavie lors de sa demande d'adhésion à l'Union Européenne
Maia Sandu présidente de la République de Moldavie lors de sa demande d'adhésion à l'Union Européenne
Maia Sandu présidente de la République de Moldavie lors de sa demande d'adhésion à l'Union Européenne
Maia Sandu présidente de la République de Moldavie lors de sa demande d'adhésion à l'Union Européenne

Changement de ton en Moldavie. Après avoir tenté l’apaisement avec la Russie, la petite République refuse de subir l’intensification des menaces. Les citoyens moldaves se préparent à fuir le pays, poussant la présidence à revoir ses positions sur l’OTAN et les sanctions contre la Russie.

Les faits : La Moldavie s’aligne sur l’Union Européenne

La République située entre l’Ukraine et la Roumanie a longtemps été ignorée des relations diplomatiques et culturelles françaises. En 2022 Emmanuel Macron est le premier président français à se rendre dans le pays depuis 24 ans. Une situation appréciée par la présidente Maia Sandu qui considère que « la relation diplomatique est devenue beaucoup plus dynamique depuis un an et demi». Mais désormais les autorités du pays ont du mal à trouver des sujets de réjouissance.

L’Agence France Presse rapporte que la Moldavie a demandé ce lundi à l’Union Européenne d’inscrire plusieurs de ses oligarques sur la liste des personnalités sanctionnées pour leur participation aux ingérences russes. Les USA et le Royaume-Uni avaient déjà mis sur liste noire un riche homme d’affaire représentatif de cette menace : Ilan Shor.

Il est impliqué dans un scandale de fraude bancaire qui a coûté en 2014 un huitième du PIB moldave. Ce qui ne l’a pas empêché de devenir maire de la ville d’Orhei un an plus tard. Catherine Belton du Washington Post, annonce en 2022 avoir vérifié des données émises par les services ukrainiens et confirme l’existence de communiqués du FSB soulignant un appui au profit d’Ilan Shor, notamment par l’envoi de conseillers politiques. En contre partie de l’aide stratégique, Ilan Shor aurait cédé l’une de ses entreprises à un oligarque russe. En septembre dernier Ilan Shor organise les manifestations anti occidentale à Chisinau qui n’ont rassemblé que quelques centaines de personnes. Peu après cet échec, deux médias moldaves pro russe sont passés sous la direction d’un associé d’Ilan Shor.

Le contexte : Les gages offerts à la Russie n’ont pas réduit les ingérences

Face à l’échec de la campagne d’extension du séparatisme en Moldavie, le ministre des Affaires étrangères russes Sergueï Lavrov a déclaré le 2 février que la Moldavie pourrait subir « ce qui est arrivé à l’Ukraine ». Confirmant par la même les allégations de la sécurité intérieure moldave qui dénonce le risque de coup d’État depuis le territoire de la Transnistrie. Cette région région autonome du territoire moldave a pour président Vadim Krasnosselski. Son mandat n’est pas reconnu par l’Organisation des Nations Unis. Originaire de l’Est de la Russie et militaire, il bénéficie de 1500 militaires pro Kremlin.

La menace de Lavrov est appuyée par des tirs de missiles en direction de l’Ukraine qui survolent l’espace aérien moldave. Et met en défaut toutes possibilités de négociations avec la Russie. Pour comprendre cette assertion il faut revenir sur les concessions faites par la Moldavie. Lorsqu’elle signe sa demande d’adhésion à l’Union Européenne en mars dernier, elle annonce qu’elle ne participera pas aux sanctions contre la Russie.

Pourtant, la Russie a réduit son exportation en gaz vers la Moldavie pour pousser la population à contester le gouvernement. Et a continué de soutenir les séparatistes de Transnistrie. Toujours dans une optique de fournir des garanties à la Russie, les autorités moldaves ont d’abord annoncé qu’elles ne rejoindraient pas l’OTAN. L’alignement des autorités moldaves sur plusieurs exigences russes, sans engendrer un apaisement du Kremlin ont complètement contrebalancé l’opinion publique moldave. La présidente Maia Sandu souhaite donc ouvrir un débat national sur la demande d’adhésion à l’OTAN pour se prémunir d’un scénario à l’ukrainienne. C’est à dire une situation où les gages offerts au Kremlin n’ont pas évité la guerre mais simplement offerts une vulnérabilité par l’absence d’alliance militaire.

Outre le début d’un changement de position sur l’alliance, un autre signe témoigne de l’inquiétude de la population moldave. De nombreux citoyens ont demandé ou retrouvé la nationalité roumaine, pays ayant une forte mixité avec la Moldavie. Les civils moldaves se préparent à prendre l’exil et souhaitent faciliter leur mise en sécurité.

Pour le moment aucune demande officielle d’adhésion à l’OTAN n’a été envoyée par les autorités du pays. La Russie peut encore s’en prémunir en réduisant la pression qu’elle exerce en Transnistrie et par les réseaux d’Ilan Shor. Mais selon l’ambassadeur moldave Oleg Serebrian, cet apaisement est peu probable. Pour lui l’embarras des officiels russes face à l’absence de victoire en Ukraine les obligent à un succès ailleurs pour «  renforcer le moral de la société russe » et d’ajouter « Ma crainte c’est que la Moldavie ne soit une cible plus facile que l’Ukraine. »

Pour aller plus loin :

– Article du Washington Post sur les données ukrainiennes concernant Ilan Shol : https://www.washingtonpost.com/world/2022/10/28/russia-fsb-moldova-manipulation/

« Comprendre la présence militaire russe en Transnistrie » de Michael Eric Lambert, parru dans la Revue de Défense Nationale 2019/3 : https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2019-3-page-107.html