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L’incompréhensible projet de panier anti-inflation

L’incompréhensible projet de panier anti-inflation

Olivia Grégoire, Ministre des petites et moyennes entreprise, du commerce, de l'artisanat et du tourisme
Olivia Grégoire, Ministre des petites et moyennes entreprise, du commerce, de l'artisanat et du tourisme
Olivia Grégoire, Ministre des petites et moyennes entreprise, du commerce, de l'artisanat et du tourisme
Olivia Grégoire, Ministre des petites et moyennes entreprise, du commerce, de l'artisanat et du tourisme

Promettre aux consommateurs une réduction des prix sur des produits tout en assurant aux producteurs et fournisseurs la conservation de leur marge et du droit à la concurrence paraît quelque peu contradictoire. Le gouvernement espère pourtant la mise en place d’un panier anti-inflation pour le mois de mars.

Les faits : Une campagne sur fond de conflit social :

L’annonce du panier anti-inflation est confirmée sur le plateau d’Europe 1 le 30 janvier par la ministre Olivia Grégoire. Une communication qui intervient à la veille du mouvement de grève contre la réforme des retraites. La mesure avait déjà fuité dans les colonnes du parisien à la mi janvier, suivi d’un communiqué de presse. Un projet de loi étudié par la ministre prévoyait une vente à prix coûtant. Mais face à l’illégalité de la mesure, le ministère s’oriente plutôt vers des prix bas sur la base du volontariat.

Madame Grégoire souhaite voir une cinquantaine de produits du quotidien inclus dans ce panier, tout en précisant « Ce n’est pas au gouvernement de fixer les références ». La ministre préfère suggérer des familles de produits : œufs, laitiers, pâtes, hygiène mais aussi des produits de qualité « des produits bio ».

Les distributeurs auront donc la liberté de sélectionner le contenu du panier. Ils ne seront pas non plus obligés de le mettre en place : « Le gouvernement ne souhaite pas passer par la loi ».

Le contexte : Le gouvernement n’a besoin de la participation que d’un seul distributeur

Petit espoir dans la mise en place d’un tel panier, la logique de concurrence permettrait de généraliser le panier anti-inflation dès lors qu’un seul distributeur accepte de le mettre en place. En effet, l’enseigne participant au dispositif attirera la clientèle de ses concurrents. Poussant ces derniers à s’aligner sur la mesure.

Mais le gouvernement en indiquant avant même la fin des négociations, qu’il n’utilisera pas la contrainte de la loi, garantie aux distributeurs la capacité de s’entendre pour ne pas appliquer le panier anti-inflation.

Enjeu : Michel Edouard Leclerc dénonce la « monstruosité intellectuelle » du cadre légal

Le patron du groupe Leclerc qui s’est déjà illustré sur le prix des carburants se dit favorable à la mise en place du panier anti-inflation. Mais depuis plusieurs jours il communique sur l’irrecevabilité de la proposition de la ministre : « les pouvoirs publics nous demandent de faire un panier moins cher, dans le même temps d’autres ministères nous obligent à prendre des marges sur ces articles. »

En effet la loi Egalim impose aux distributeurs de maintenir un minimum de marge sur les produits agricoles vendus. Les défenseurs de la loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire (Egalim) motivaient cette mesure comme un moyen de garantir les revenus des agriculteurs. Le PDG du groupe Leclerc ne mâche pas ses mots « C’est une monstruosité intellectuelle cette idée […] que la marge faite par le distributeur sur ces produits-là va revenir au producteur de porc ou de lait, ça ne marche pas du tout ».

Si les prix ne peuvent être baissés, peuvent-ils être figés ? Là encore le PDG du groupe Leclerc a déjà donné sa réponse : « le blocage des prix, on ne peut pas le faire tant qu’en amont, on ne sait pas à quel prix on achète ».

Le projet du gouvernement pourrait surtout constituer une stratégie de communication. Le 1er mars s’achèveront les négociations commerciales entre les fournisseurs et distributeurs. Disposition prévue là aussi par la loi Egalim. Et devraient déboucher sur une hausse des prix. Le gouvernement par sa proposition de panier anti inflation anticipe l’annonce et donne l’illusion de l’action tout en déplaçant la responsabilité sur la grande distribution. Prise en étau entre la hausse des frais des fournisseurs et la perte de pouvoir d’achat des consommateurs.