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La Russie exige la mise sous protectorat de l’Ukraine

La Russie exige la mise sous protectorat de l’Ukraine


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Le président Russe Vladimir Poutine devant le drapeau soviet à l'effigie de Staline et Lénine. Photographie de Mikhail Svetlov/Getty Images
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Le président Russe Vladimir Poutine devant le drapeau soviet à l'effigie de Staline et Lénine. Photographie de Mikhail Svetlov/Getty Images
Le président Russe Vladimir Poutine devant le drapeau soviet à l'effigie de Staline et Lénine. Photographie de Mikhail Svetlov/Getty Images

Comment qualifier les ambitions et les demandes de Poutine concernant l’Ukraine ? De nombreux intervenants médiatiques peinent à trouver les mots justes. Résumant trop rapidement la situation à un désir d’annexion. Mais Poutine, conscient des enjeux de l’information et de l’opinion, demande tout autre chose et dément la conquête de territoire. Retour sur les discours de hauts représentants russes afin d’analyser les demandes officielles, tout en les replaçant dans les ambitions générales et risques engendrés.

Les faits : Vladimir Poutine réitère sa demande de suppression de la souveraineté militaire et diplomatique ukrainienne :

Outre la justification visant à chasser un pouvoir nazi alors que Zelensky s’est justement fait élire en écrasant le parti correspondant, Vladimir Poutine a posé un certain nombre d’exigences.

Dans les communications du 7 mars de Dmitry Peskov, confirmé par l’agence Reuters, le chef du service presse de la Présidence Russe déclare avoir transmis les exigences du Kremlin au président ukrainien. Elles concernent le changement de la constitution ukrainienne, la démilitarisation et l’interdiction de signer des alliances militaires.

On compte aussi la cession officielle de la Crimée à la Russie et l’indépendance des républiques du Donbass. Ces dernières s’étant officialisées après la conquête et la répression orchestrées dès 2014 par des miliciens séparatistes, proche du parti présidentuel Russie Unie.

Le contexte : La mise sous protectorat, une colonisation qui ne dit pas son nom

Dans le jargon militaire et diplomatique les pertes de souveraineté d’un pays au dépend d’un autre sont graduées et discriminées en plusieurs types de relations coloniales. En France même si le protectorat fut utilisé notamment au Maroc, l’on connaît davantage le statut d’indigénat qui correspond à l’essentiel de la colonisation en outre mer. Il s’agit d’une invasion de territoires, transformés en zone de seconde classe. Le pouvoir est détenu à l’Élysée mais les colonisés ne bénéficient pas des mêmes droits que les citoyens de la métropole. Puis vient le temps dit de la coopération, qui comprenait bien des mécanismes néocoloniaux allant des bureaux d’étude au chantage sur le cadre économique du pays ciblé.

Pour la Russie, le mode opératoire privilégié notamment après la dislocation de l’URSS est le protectorat. Beaucoup plus acceptable aux yeux de l’opinion public, surtout quand on omet même de qualifier le traité. De trop nombreux intervenants résument ce genre de relations à un accord de défense.

On considère comme protectorat, un traité qui stipule que la souveraineté militaire et diplomatique d’un pays est détenue par le cosignataire. Sans que cela ne nécessite de supprimer l’autorité et le gouvernement local mais l’on conçoit facilement que cela dépossède une nation de son indépendance. A plus forte raison quand le traité est exigé après une action militaire offensive.

Le protectorat correspond à la demande exprimée par Dmitry Peskov et Vladimir Poutine et conditionne le cessé le feu : Une reddition et une perte de la souveraineté diplomatique et militaire. Officiellement la Russie ne serait pas maîtresse de l’Ukraine, mais si cette dernière veut la paix, elle doit pourtant suivre les exigences de la Russie et rester isolée.

Les enjeux : Maîtriser les pays de l’ex Union Soviétique

On ne compte pas les interventions des subalternes de Vladimir Poutine qui nient tout droit à la légitimité et à la souveraineté pour les pays voisins de la Russie. Les récents discours de Poutine au sujet d’une Ukraine qui ne serait pas une véritable nation, existent pour l’ensemble des Républiques de l’ancienne union soviétique. C’est par cette même approche historique et partiale que déjà, le troisième Reich justifiait l’annexion de pays européens : reconstituer la gloire de l’Empire Chrétien Germanique.

Face à ce déni de souveraineté les nations comme celles des pays baltes ont rejoint l’OTAN dès 1999. Date où commençait une autre invasion : celle de la seconde guerre de Tchétchénie. Une réalité loin de la rhétorique des milieux soutenant les allégations russes. Si tant de pays rejoignent l’OTAN après s’être tenus à distance des deux blocs, la cause est bien moins du côté d’une ingérence américaine que d’un retour de l’expansionnisme russe, depuis la présence de Poutine au sommet de l’État.

Après l’Ukraine, c’est au tour de la Suède et de la Finlande d’être menacés par une action militaire russe. Passée assez inaperçue, l’intervention du 25 février de la porte parole du ministère des affaires étrangères russes, Maria Zakharova indique « La politique de ne faire partie d’aucune alliance, traditionnellement poursuivie par Stockholm et Helsinki, est considérée par Moscou comme un facteur important pour assurer la stabilité en Europe du Nord » et d’ajouter qu’un changement de ligne sur le sujet engendrerait des répercussions militaires obligeant la Russie à une réaction.

Là encore, l’épouvantail de l’OTAN dissimule assez mal la volonté du Kremlin de garder une capacité d’invasion et de contrôle sur ses voisins. Volonté d’autant plus contre-productive, qu’elle est le principal moteur d’adhésion à l’OTAN. En effet, comme le rappel l’autorité Russe, les pays scandinaves sont traditionnellement non alignés. Et c’est bien l’invasion de l’Ukraine, qui poussent les nations européennes à rejoindre l’alliance atlantique.

De la Tchétchénie à l’Ukraine, les actions militaires poussent les nations européennes à reconsidérer leur souveraineté à travers l’OTAN, plutôt que de risquer un isolement et une décapitation pour asseoir une dictature favorable à un protectorat russe. Ramzan Kadyrov, le boucher tchétchène proche de Vladimir Poutine, fut hissé à la tête de la Tchétchénie après le massacre des indépendantistes tchétchènes, civils réfractaires compris.

Un mode opératoire similaire à la stratégie utilisée en Crimée et dans le Donbass. Si bien que la totalité des pays d’Europe souhaitant rester des puissances souveraines et démocratiques, quelque soit les ratés dans l’ambition ou les contre coups géopolitiques, vont probablement demander leur adhésion à l’OTAN. Des demandes officielles aux intentions exprimées, on compte désormais la Suède, la Finlande, la Moldavie, l’Ukraine et la Géorgie.

Un autre élément vient contredire la rhétorique russe. Loin d’une ambition de dégrader la Russie, les nations européennes ayant rejoint l’OTAN ont conservé et même développé des relations culturelles et économiques avec la Russie. On compte aussi des coopérations militaires à travers les locations du célèbre avion russe, l’Antonov, pour déplacer du matériel de membres de l’OTAN à travers le monde. Certes les Etats-Unis ont souvent fait pression pour obtenir des sanctions économiques contre la Russie, mais le tableau est très éloigné d’une diabolisation inique par les membres de l’OTAN. En revanche il est certain que la racine de l’alliance, est une protection mutuelle face à un expansionnisme russe qui s’est largement confirmé ces dernières décennies.

Les invasions par la Russie déplacent les curseurs si bien que de nombreux pays alertes sur les prises d’intérêts américaines, préférent le risque d’une influence étrangère, à celui d’une invasion étrangère. Aucun pays refusant de rejoindre l’OTAN n’ayant été envahi par celle ci, tandis que les nations refusant d’adhérer aux dessins du groupe politique Russie Unie, sont décapitées une à une.

Sources :

– Présentation de Russie Unie par le Cairn : https://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2011-4-page-145.htm
– La letonnie et le Monde Russe, par le Courrier des pays de l’Est n°1080 : https://www.cairn.info/revue-le-courrier-des-pays-de-l-est-2006-6-page-70.htm
– Des monuments à la gloire de l’impérialisme russe : https://www.dw.com/en/monument-fever-takes-hold-in-russia/a-36047241
– Le Monde article du 24 février 2022, « Pour Poutine l’Ukraine n’est pas un Etat ni un pays » : https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/24/ukraine-les-tensions-dues-a-la-guerre-et-les-sanctions-vont-avoir-un-impact-sur-l-economie-francaise_6115111_3210.html
– Les menaces de Maria Zakharova en cas d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN : http://www.opex360.com/2022/02/25/la-russie-tirera-les-consequences-politico-militaires-en-cas-dadhesion-de-la-suede-et-de-la-finlande-a-lotan/
– Les exigences russes par Reuters, retranscription des propos de Dmitry Peskov : https://www.reuters.com/world/kremlin-says-russian-military-action-will-stop-moment-if-ukraine-meets-2022-03-07