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Tesla fait son show, l’emploi en question

Tesla fait son show, l’emploi en question


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L'usine Tesla à Berlin emploie 7000 salariés pour un objectif de 500.000 véhicules assemblés chaque année
L'usine Tesla à Berlin emploie 7000 salariés pour un objectif de 500.000 véhicules assemblés chaque année

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L'usine Tesla à Berlin emploie 7000 salariés pour un objectif de 500.000 véhicules assemblés chaque année
L'usine Tesla à Berlin emploie 7000 salariés pour un objectif de 500.000 véhicules assemblés chaque année

Nous sommes en Allemagne, dans l’usine du futur de Tesla à Berlin. Les images tournées par la société Skydinamic nous dévoilent des chaînes de montage où l’ouvrier n’est plus apparent. Ce n’est pas la première fois que la firme d’Elon Musk met en scène l’innovation et le gigantisme. En 2017 son usine du Nevada était exposée par vue aérienne. En 2019 c’est au tour d’un investissement à Shanghai de faire l’objet d’une communication vidéo par drone.

Les faits : La Gigafactory de Tesla et le volume industriel de l'automobile

L’investissement dans l’usine du futur sur trois continents différents incarne les évolutions du secteur. L’automobile européenne représente 3,4 millions d’emplois auxquels s’ajoutent ceux de la sidérurgie, de la recherche et des équipementiers, pour un total de 13 millions de travailleurs. Soit 8,5% des emplois industriels en Europe et 5 % dans le monde.

Le secteur européen produit plus de 19 millions de véhicules chaque année dans plus de 200 usines. La voiture est une part importante de l’économie malgré les conséquences sur l’écologie.

 

Les taxes liées à la production et à la vente de voiture permettent de poursuivre une certaine répartition des richesses, avec une recette fiscale de 428 milliards d’euros pour les États européens. Néanmoins la réduction des postes et les fermetures d’usine pourraient changer la donne. Si des usines d’origine étrangère s’ouvrent en Europe comme le souligne la vidéo tournée à Berlin, elles masquent le nombre de structures fermées en parallèle. Si l’Allemagne se félicite d’une ouverture par l’installation de Tesla sur son territoire, les gains économiques sont à relativisés. Les 92.000 autres salariés de Tesla dont dépend l’assemblage à Berlin, ne sont pas basés en Europe. Et n’y payent donc pas leurs impôts.

Le contexte : La robotisation et l'IA engendrent des différences dans l'embauche

Pour assembler 500,000 voitures par an l’usine de Berlin embauche 7000 salariés. Un chiffre qui peut sembler énorme et qui confirme qu’il faut toujours des travailleurs pour accompagner les chaînes de montage moderne, mais qui mis en perspective révèle une optimisation de la masse salariale. La modernisation est souvent présentée comme l’opportunité de conserver des emplois en augmentant les qualifications.

Mais le groupe Renault pour produire environ 700.000 véhicules par an en France embauche dans les usines d’assemblage de Batilly, Dieppe, Douai, Flins, Maubeuge et Sandouville, un total de 11500 salariés.

Pour Tesla il est donc nécessaire d’avoir 1 salarié dans une usine d’assemblage pour 71 voitures produites, contre 1 salarié chez Renault pour assembler 60 véhicules. De plus la centralisation de production du géant américain en un seul site capable d’assembler presque autant de voitures que Renault dans 6 communes différentes, est une logique compréhensible du point de vue d’un industriel mais qui a des conséquences en terme de retombées économiques et d’harmonisation entre les territoires.

On note aussi l’impact du moteur électrique sur la baisse des besoins en main d’œuvre, comme le souligne le groupe Coface spécialisé en expertise comptable et prospective économique : « Les coûts d’entretien d’une voiture électrique sont estimés à la moitié de la valeur d’un moteur thermique. Le moteur ne nécessite pas d’entretien et les batteries ont une durée de vie plus longue que les 7 à 10 ans des moteurs thermiques. Par conséquent, le volume des opérations après‑vente et le nombre d’heures de travail devraient diminuer en raison du changement de moteur. » Une performance face à l’obsolescence mais qui à moyen terme impactera l’emploi dans la réparation et l’entretien automobile.

Une étude de PwC Strategy estime que 500.000 emplois seront détruits en Europe d’ici 2040 en raison de ces moteurs. La création d’emplois liés à l’environnement et à ces nouvelles technologies fait baisser la perte sèche, qui reste néanmoins estimée à 275000. Cette étude est réalisée à la demande d’un parti pris : L’Association européenne des fournisseurs automobiles, et ne fait pas l’unanimité.

Les enjeux : Préparer les économies face à la croissance de la robotique

L’optimisation des profits est intimement liée au secteur automobile marqué par le fordisme. Cette doctrine a fait passer les ateliers de construction comprenant une grande quantité d’ouvriers pour une production modeste, vers la production de masse par réorganisation du travail et des chaînes de montage.

C’est cette logique qui se poursuit et s’amplifie à travers les usines du futur. Les tâches d’assemblage étant standardisées depuis longtemps il est facile pour le secteur de remplacer le travail répétitif et précis de l’ouvrier par celui de la robotique. Auxquelles s’ajoutent désormais l’intelligence artificielle pour par exemple, redéfinir plus rapidement les paramètres d’une machine en cas de changement des pièces et modèles sur la chaîne de montage.

Plus rapide dans l’adaptation et dans la réalisation, capable de produire davantage à moindre coût, on comprend difficilement comment des études agitées dans les Parlements, peuvent adoucir la vigilance des législateurs concernant le taux d’emplois dans les secteurs confrontés à la robotisation et l’intelligence artificielle.

La théorie accompagnant ces innovations affirment que les emplois à basse qualification seraient remplacés par la création de nouveaux postes. Cette théorie n’a jamais été confirmée. Elle repose sur des choix partiaux, comme le fait d’étudier le taux d’emploi dans l’industrie américaine, en hausse, sans prendre en compte la vampirisation des emplois du secteur ailleurs. Sans compter la non intégration dans les études de l’augmentation de la population mondiale et la hausse de consommation en Chine et en Inde.

L’appréciation de l’emploi face à ces nouvelles technologies doit pourtant considérer l’échelle mondiale et se faire au regard d’une multitude de critères. Comme nous le rapporterons dans un autre article, même Google considère qu’il n’y a pas d’étude fiable sur le sujet. Pourtant, le gouvernement français et le Sénat ont décidé d’enterrer le sujet en 2017. Axelle Lemaire, ministre du gouvernement Hollande, estime alors que la question de la destruction des emplois « n’est pas la bonne manière d’aborder le sujet ».