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Estonie : un exercice militaire français et une violation des frontières par la Russie

Estonie : un exercice militaire français et une violation des frontières par la Russie

Photographie du trajet aérien par l'Etat Major des Armées
Photographie du trajet aérien par l'Etat Major des Armées
Photographie du trajet aérien par l'Etat Major des Armées
Photographie du trajet aérien par l'Etat Major des Armées

Dans le cadre de l’alliance atlantique les membres sont tenus de participer régulièrement à des exercices de coordination. Le 21 juin la 11ème Brigade de Parachutiste français décolle de Corse pour rejoindre l’opération Thunder Lynx en Estonie. La veille le gouvernement estonien dénonçait la violation de ses frontières par un hélicoptère de combat russe.

Les faits : Un test de réactivité

Thunder Lynx est le nom donné à ce déploiement sur préavis court. Le Ministère de la Défense française présente l’exercice comme étant une garantie auprès des pays baltes. « La France montre qu’elle est un allié fiable, crédible et solidaire vis-à-vis de ses alliés de l’OTAN et ses partenaires européens. Elle est attachée au principe fondamental de solidarité stratégique, fondement de l’Alliance atlantique. » précise le communiqué.

Le 21 juin une centaine de parachutiste de la 11ème BP sont présents sur la base aérienne de Solenzara en Corse. L’A400M qui les transporte décolle de nuit pour se diriger vers l’Estonie où les soldats français sont parachutés près du village de Nurmsi. Au sol ils sont rejoints par 30 soldats de l’armée estonienne et réalisent des manœuvres exerçant la coordination, l’assaut et les compétences en traduction. Dans la simulation mise en place deux bâtiments occupés par l’ennemi doivent être sécurisés.

En plus des aspects purement militaire, l’exercice intègre les vérifications techniques des appareils et leur préparation. Chaque opération comprenant du matériel spécifique, la réactivité logistique est essentielle pour permettre une aide rapide auprès des alliés de la France.

Thunder Lynx confirme les capacités d’intervention rapide qui furent déjà approuvées lors du déploiement de 500 militaires français en Roumanie. Positionnés au début de l’invasion Russe en Ukraine, ces effectifs devraient être doublés d’ici la fin de l’année.

Le contexte : Des menaces permanentes de la Russie contre les Pays-Balte

Par les relations entretenues au sein de l’OTAN, la France déploie déjà 200 soldats en Estonie dans la base militaire de Tapa.  Le gouvernement craignait une diminution du soutien français en raison du déplacement de ses troupes vers la Lituanie. L’État Major français a donc souhaité prouver la capacité de redéploiement rapide, y compris depuis l’hexagone.

Une opération très bien accueillie par les autorités estoniennes alors que le 21 juin un hélicoptère de combat russe franchissait sa frontière. Il s’agit de la deuxièmes violation de l’espace aérien de l’Estonie depuis le début de l’année. Contacté par notre rédaction, le Ministère de la Défense précise que l’exercice fut décidé quelques jours avant cet incident.

Le sergent Johannes Vaelb a participé à l’exercice et semble rassuré. Il témoigne auprès du journal estonien News ERR : « Notre rôle consistait à préparer et sécurisé le parachutage. Ensuite nous leur avons fourni l’objectif et nous sommes coordonnés pour conduire l’assaut. Leur solidarité montre un grand respect à un moment crucial. Cela compte beaucoup pour les estoniens. »

La situation sécuritaire des pays Balte est précaire. Plusieurs membres du parti présidentiel russe ont déclaré que l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie ne constitueraient pas de vrais pays. Remettant en cause leur frontière et leur droit à l’indépendance. Une tension renforcée depuis l’interdiction de transit des marchandises russes sur le territoire lituanien à destination de l’enclave de Kaliningrad. Territoire russe sur-militarisé, de nombreux médias ont présenté cette application de l’embargo sans jamais évoquer les menaces antérieures et répétées de la Russie contre les trois pays baltes. Pouvant diffuser insidieusement l’idée d’un acte hostile de la Lituanie qui vit pourtant sous les menaces permanentes du parti présidentiel Russie Unie. D’après l’ONG Russe Levada Center, en 2007 plus de 60% de la population russe considérait la Lituanie comme un ennemi.

De graves incidents ont eu lieu depuis la première invasion en Ukraine. En 2014 les services secrets russes kidnappent l’officier estonien Eston Kohver qui ne sera libéré qu’en raison d’un échange de prisonnier.

La sécurité des frontières n’est pas le seul terrain de coopération militaire entre les deux nations. L’Estonie participe déjà à l’opération de lutte anti terroriste Barkhane au Sahel, dirigé par le général français Laurent Michon.