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Comment l’Ukraine a-t-elle réussi sa contre offensive ?

Comment l’Ukraine a-t-elle réussi sa contre offensive ?

ukraine contre offensive
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Les images tournées dans les villes libérées montrent des civils embrassant les soldats ukrainiens. Certains reporters de guerre signalent que par endroit, la contre offensive se déroule sans réelle résistance de la part des forces russes. Pour comprendre cette situation, il faut revenir sur les étapes préliminaires. La contre offensive a demandé une préparation colossale.

Les faits : En une semaine l’Ukraine a libéré des territoires que la Russie a mis plusieurs mois à conquérir.

L’élément qui a marqué les esprits est sans aucun doute la frappe du 9 août sur l’aéroport militaire russe en Crimée, contraignant l’aviation russe à se repositionner.

Les semaines suivantes, l’armée ukrainienne a méthodiquement réduit les capacités militaires russes. Des réserves de munition ont été détruites tout le long du front, comme le souligne la carte publiée par les analystes d’Orion Intel.

 

La reconnaissance a permis d’identifier l’emplacement des blindés et de l’artillerie russe dans un contexte où le Kremlin annonçait l’arrivée d’importants renforts. Permettant des frappes d’artillerie dévastatrice. Des bâtiments hébergeant des officiers ont aussi été visés.

Les ponts stratégiques pour le ravitaillement ont été détruits, freinant l’arrivée des renforts et empêchant la retraite des véhicules blindés. La quantité de matériel abandonné par les troupes russes est phénoménal. On aperçoit par endroit des dizaines de blindés intacts et sans équipage. Un matériel qui renforcera les moyens ukrainiens.

Les canons anti char russes ont été ciblés pour permettre à l’infanterie mécanisée et aux tanks ukrainiens, d’avancer en réduisant leur perte.

La guerre psychologique a elle aussi joué son rôle. Des informations contradictoires sur une contre offensive ont été diffusées sur les réseaux sociaux depuis début septembre. Contraignant le front russe à rester plus vigilant que jamais et à s’épuiser préalablement au combat.

Par ailleurs de petits détachements d’infanterie ont réalisé des opérations derrière les lignes ennemies, notamment en traversant les cours d’eau.

L’aviation n’est pas en reste. Grâce aux missiles anti radar l’armée ukrainienne a pu détruire du matériel anti aérien. Le fonctionnement est simple, dès qu’un système cible un aéronef ukrainien, il envoie un signal capté par les missiles adverses. Si bien que plusieurs S-300 russes ont tout simplement arrêté de tirer.

Par ailleurs les forces armées ukrainiennes ont démontré des compétences en pilotage exceptionnelles, réalisant des vols à très basse altitude pour s’enfoncer dans les lignes adverses, en dessous de la couverture radar.

La reconnaissance joue un rôle primordial dans la guerre. Jamais les drones n’ont été aussi souvent utilisés. Avec une capacité d’observation et de frappe sur les tranchés adverses, les troupes subissent un harcèlement constant.

La déroute d’une partie de l’armée russe s’explique par l’addition de ces opérations préalables, qui ont isolé des unités du reste de la logistique et augmenté le risque d’encerclement.

Pour l’ensemble de ces opérations le matériel fourni par les pays soutenant la défense ukrainienne a bel et bien joué un rôle déterminant. Les NLAW suédois ont montré dès le début de la guerre, leur capacité contre les tanks russes. Les HIMARS américains permettent des tirs précis à des distances souvent hors de portée des répliques de contre batterie. C’est aussi le cas, dans une moindre mesure, pour les canons français Caesar. Les véhicules blindés légers venus de différents pays permettent à l’infanterie d’avoir la mobilité requise dans une guerre moderne. Les tanks fournis notamment par la Pologne, renforcent la puissance de feu ukrainienne. Les obusiers allemands semblent aussi très employés malgré leur difficulté à tenir la cadence. Sans compter les fournitures en matériel léger.

C’est seulement après avoir fragilisé le front russe que les unités ukrainiennes ont réellement commencé à avancer, enfonçant les lignes proches de Kharkiv et réalisant plusieurs percés au sud, en préparation de la reconquête de la Crimée.

La situation est alors suffisamment avantageuse pour permettre le déplacement de 4 HIMARS en pleine journée. Un matériel redoutable et donc particulièrement ciblé par la Russie. Dans les forêts, des colonnes d’infanterie progressent avec une relative sécurité.

Bien entendu l’Ukraine subit des pertes. Plusieurs vidéos montrent des militaires ukrainiens rendant hommage à leurs camarades perdus au front. Des véhicules légers participent à l’évacuation des blessés. Certaines offensives de blindés ukrainiens ont été repoussées par des barrages d’artillerie. Sans compter que pour poursuivre son avancée, l’Ukraine doit sécuriser les axes minés par les russes lors de leur fuite.

Si ces succès sont déterminant pour l’armée ukrainienne, ils n’annoncent pas encore la fin de la guerre. Vladimir Poutine a ordonné le bombardement des postes électriques à la suite de l’échec de son armée. Coupant l’électricité et l’eau potable pour de nombreux civils ukrainiens. Par ailleurs, même en cas de reprise totale du territoire par l’Ukraine, nul ne sait comment pourra se dérouler et se résoudre, une situation où l’armée russe et l’armée ukrainienne se feront face dans leur frontière respective. Une paix durable impliquera probablement la démilitarisation d’une partie de la Russie, au moins au niveau de sa frontière avec l’Ukraine. Ainsi qu’un changement de paradigme au sein des partis politiques russes.