En 2022 plusieurs villes d’Ukraine subissent la sauvagerie de la Russie. Outre les massacres de civils, Wagner accrochait la tête de plusieurs soldats sur des piques. Deux nouvelles vidéos sont apparues sur les réseaux sociaux russes. L’une d’elle expose la décapitation d’un homme.
Les faits : La Russie pratique une politique de la terreur
D’après CNN l’une de ces vidéos a été filmée durant l’été, l’autre pourrait être plus récente. L’Institute for The Study War qui effectue des bilans quotidiens de la situation en Ukraine, déclare « La Russie continue de commettre des crimes de guerre en décapitant des soldats à Bakhmut.»
Dans une séquence on peut entendre des soldats russes rigoler devant des corps décapités, dont les mains ont elles aussi été coupées. Dans une seconde vidéo qui reste à authentifier, l’horreur est totale. Puisqu’un soldat en vie mais ligoté se débat durant sa décapitation. Les criminels de guerre s’y prennent à plusieurs reprises avant d’arriver à leur fin. Le calvaire subi par le soldat est inimaginable et les images insoutenables. Nous sommes faces à des pratiques similaires à daesh. Les auteurs de ces crimes de guerre prennent plaisir à faire durer l’horreur en utilisant de petits couteaux et des cutters.
A côté de la victime se trouve un gilet par balle arborant des insignes ukrainiens. Sur une radio audible en fond sonore grésille l’indicatif d’appel « Varyag ». Un des soldats présents donne des instructions « Au travail mes frères ! Découpez le ! Cassez-lui la colonne vertébrale ! T’as jamais coupé une tête avant ? Allez, jusqu’au bout ! »
Des membres du canal ultra nationaliste russe Z-channel commencent à s’interroger sur ces scènes qui se répètent. Et indiquent que si la justice russe n’est pas capable de faire respecter les lois, alors il n’y a plus d’État fonctionnel. Mais d’autres trouvent des excuses aux auteurs « Bien que je ne puisse pas me résoudre à tolérer cet acte, je ne peux pas non plus condamner ceux qui l’ont commis » rappelant des tirs ukrainiens dans les jambes de prisonniers russes. Mais oubliant de préciser qu’à contrario de la justice russe, le parquet ukrainien ouvre des enquêtes lorsqu’un crime de guerre est suspecté.
Dans une précédente vidéo que nous avions relaté, un soldat de Wagner découpait les parties génitales d’un soldat ukrainien encore vivant. L’objectif était de terroriser et faire souffrir, puisque dès la mutilation terminée, le soldat ukrainien recevait une balle en pleine tête. Ces vidéos pourraient servir une politique de la terreur très similaire aux stratégies poursuivies par les mouvements djihadistes.
Nous vous déconseillons de chercher ces vidéos sans une préparation psychologique. De nombreux médias se chargent de les consulter et de les debunker. Elles sont aussi traitées par les services de renseignement et les enquêteurs internationaux.
Andriy Yermak, conseiller du président Zelensky annonce que les auteurs de ces crimes seront redevables de leurs actes.
Le contexte : Que sait-on de l’origine de cette vidéo ?
A défaut de pouvoir la situer et de pouvoir identifier les criminels, la source de la diffusion fait l’objet d’intenses recherches. Selon le média russe The Insider, Vladislav Pozdniakov serait le premier compte à avoir diffuser la vidéo de décapitation. Ce militant russe est le créateur d’un mouvement anti LGBT et anti féministe en Russie « The Male State ».
L’homme est recherché en 2018 par la justice russe pour incitation à la haine contre les femmes. Un comportement qui s’inscrit dans une idéologie que Pozdniakov revendique sous le nom de nationalisme patriarcal. Plusieurs membres de ce réseau ont envoyé des menaces de mort à des militantes féministes russes et à des femmes en couple avec des hommes noirs. L’organisation a été interdite lorsqu’elle a commencé à s’en prendre à de grandes entreprises russes diffusant des publicités inclusives.
En 2021 selon l’un des administrateurs de son compte internet, Pozdniakov aurait été arrêté en tentant de se rendre en Azerbaïdjan. Mais les autorités du pays démentent cette information. D’autres données suggèrent une présence du militant fasciste au Monténégro. Le militant y a lancé de fausses alertes à la bombe pour tenter de paralyser le pays. D’après le journaliste canadien Michael Colborne, certaines photos de Pozdniakov présentes sur internet, auraient été réalisées à Podgorica, la capitale du Monténégro.
Après sa dissolution la communauté Male State s’est renommée Male Legion et perdure sur internet . Elle semble jouer un rôle dans les conflits géopolitiques de la Russie. Plusieurs membres arborent une photo de profil reprenant le Z de l’armée russe. Le goût de cette communauté pour la barbarie et l’expansionnisme russe pourrait constituer une passerelle lui ayant permis d’obtenir les vidéos tournées par des soldats.
En 2022 le groupe s’est illustré par une série d’attaque informatique contre un bar géorgien qui refuse de servir les militants pro Poutine. Des commentaires sur les avis Google décrivent les gérants du bar comme des militants homosexuels. Ce propos est ensuite suivi d’argumentaire expliquant que cela justifierait la colonisation russe en Géorgie et la brutalisation des populations. Une idéologie découlant de l’ultra orthodoxie qui fonde le nationalisme russe et constitue un énième parallèle avec le djihadisme.
Pragma Média exprime sa solidarité avec toutes les victimes de la guerre. Le traitement de cette actualité est fait pour rappeler la cruauté qui sévit et les réalités du conflit.
Sources et bibliographie :
– Compte rendu de The Institute for The Study of War du 10 avril
2023 :
https://www.understandingwar.org/backgrounder/russian-offensive-campaign-assessment-april-10-2023
– Russia Male State
: https://www.rferl.org/a/russia-male-state-extremist/31519473.html
– Les menaces de Pozdniakov au Montenegro : https://balkaninsight.com/2022/04/01/schools-in-montenegro-evacuated-over-false-bomb-alarm/
– Article de The Insider : https://theins.ru/en/news/260889