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La France commande des systèmes anti drone pour ses sites stratégiques

La France commande des systèmes anti drone pour ses sites stratégiques

système anti drone parade
système anti drone parade

Les micro et mini drones se sont révélés redoutables en terme d’armement offensif. Que ce soit par le largage de bombe, l’espionnage ou l’intégration d’arme à feu. Le ministère français de la défense confirme l’attribution du marché PARADE le 26 avril. La première livraison est prévue en 2023.

Les faits : l’attribution du marché à deux sociétés françaises

Ces outils de protection seront installés sur les sites militaires sensibles et auprès des Opérateurs d’Importance Vitale. Dont nous vous parlions dans un précédent article sur la réorganisation du Secrétariat Général à la Défense et Sécurité Nationale.

Le marché PARADE signifie Protection DeployAble modulaiRe Anti-DronEs. D’un montant maximum de 350 millions d’euros, il a été remporté par les entreprises Thales et CS GROUP à la suite d’un appel d’offre initié en mai 2021. Si le budget mentionne un coût maximum c’est parce qu’il inclut une marge de manœuvre pour la modernisation des équipements sur une durée de dix ans, de manière à s’assurer que les fournisseurs apportent les changements nécessaires en cas d’adaptation des drones à ces futurs dispositifs.

Système anti drone Boreades (CS GROUP) aux abords du Stade de France

Une partie du cahier des charges a été communiqué par le Ministère français de la Défense. Et exige que chaque système soit composé de radars, d’optronique d’identification et d’effecteurs organisés autour d’un poste de commande et de contrôle. Ils doivent être positionnés pour couvrir l’ensemble d’un site stratégique. Les contre mesures doivent pouvoir agir à distance et être précises. La cible ne concerne pas les drones opérant à très haute altitude ou à vitesse élevée.

Optronique d’identification : Ensemble de capteurs qui peuvent être optiques, magnétiques ou thermiques reliés à des logiciels de traitement. Contrairement à un simple système de vidéosurveillance, l’optronique consiste à traiter les données reçues automatiquement afin de fournir les éléments nécessaires à la mission de l’opérateur. Cela peut se traduire par l’affichage de la distance et de l’altitude d’un objet volant et ainsi permettre de verrouiller la cible pour la mise en action des effecteurs.

Effecteur : Il s’agit du système d’armement qui servira d’interception. Il peut s’agir d’un missile, d’une tourelle, ou de brouilleur d’onde, ainsi que des combinaisons entre ces différents armements.

Le contexte : La guerre des drones

Les guerres en Syrie et en Irak ont révélé la puissance des drones de reconnaissance et de bombardement opérant à très haute altitude. Ils restent cependant longs à produire et très coûteux, même si le Bayraktar TB2 turc s’est illustré par son coût réduit face à la concurrence.

En revanche les micro et mini drone sont vendus à des prix défiant toute concurrence au regard de la menace qu’ils peuvent produire. Au Yémen les combattants convertissent des drones civils afin de les envoyer sur des installations logistiques ou militaires des Émirats Arabes Unis. Même opération en Ukraine où les drones civils sont eux aussi convertis pour faire du ciblage ou bombarder.

 

Drone civil converti en arme par Daesh

Il existe différentes modifications sur des drones civils, qui permettent de réaliser un maximum de dégâts. Que ce soit pour une armée nationale, un groupe rebelle, une organisation terroriste ou même un loup solitaire. Ce changement dans les conflits et crimes pousse les autorités des différents pays à se doter de système de protection novateur.

Les enjeux : Un système efficace pour sécuriser les sites sensibles

Les premiers systèmes anti drone médiatisés sont les fusils brouilleur d’onde. Les images du design futuriste du DroneDefender américain envahissent les rédactions en 2015. La technologie pique la curiosité des français dans un contexte où les ONG utilisent de plus en plus le survol des sites sensibles par des drones civils dans le but de démontrer la vulnérabilité liée à des technologies dangereuses, comme le nucléaire.

Fusil anti drone américain

Mais les fusils anti drone se révèlent peu adaptés à la menace. En effet, un opérateur humain doit recevoir l’alerte d’une présence de drone, détecter la cible dans le ciel et arriver à la viser pour perturber son GPS et ses commandes.

Le problème c’est qu’il est très difficile de détecter à temps un micro drone et d’arriver à le toucher. Contrairement à la détection d’un avion ennemi qui peut se réaliser à plusieurs centaines de kilomètre, le micro drone peut décoller à proximité du lieu à attaquer ou à espionner. Sa taille et son altitude ne le rende pas détectable par n’importe quel système radar. Et pour enfoncer le clou, les récentes innovations permettent de contrôler des nuées de drone qu’aucun tireur d’élite ne serait capable de contrer à temps.
Sans compter que la sécurité des sites sensibles est massivement déplacée des militaires vers la sécurité privée, où la très faible rémunération ne permet pas d’avoir la discipline nécessaire à une observation continue et assidue des périmètres à défendre.

L’appel d’offre cherche donc une solution plus automatisée face à ces nouvelles menaces. On se dirige probablement vers un système de détection spécialisé sur les petits objets volants avec un ciblage automatisé. Le tout à travers un relais de poste défensif pouvant traiter plusieurs cibles en même temps.