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Narcotrafic : Evelin Banev comparait au procès du Crédit Suisse

Narcotrafic : Evelin Banev comparait au procès du Crédit Suisse


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Dans la série Breaking Bad, le personnage de Lydia (Laura Fraser) incarne la criminalité en col blanc. Donnant des ordres de loin et mourant plus souvent d'un règlement de compte, qu'en prison.
Dans la série Breaking Bad, le personnage de Lydia (Laura Fraser) incarne la criminalité en col blanc. Donnant des ordres de loin et mourant plus souvent d'un règlement de compte, qu'en prison.

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Dans la série Breaking Bad, le personnage de Lydia (Laura Fraser) incarne la criminalité en col blanc. Donnant des ordres de loin et mourant plus souvent d'un règlement de compte, qu'en prison.
Dans la série Breaking Bad, le personnage de Lydia (Laura Fraser) incarne la criminalité en col blanc. Donnant des ordres de loin et mourant plus souvent d'un règlement de compte, qu'en prison.

Lundi 7 février débutait le procès du Crédit Suisse et de quatre accusés. Une procédure judiciaire qui a failli échouer. Après 15 années d’enquête, la défense a souhaité faire valoir la prescription de plusieurs éléments. Mais les autorités judiciaires suisses ont confirmé la tenue d’un procès qui déterre les affaires de l’homme d’affaire Evelin Banev, déjà accusé en 2007 de lien avec une organisation criminelle.

Les faits : Le procès essaye d’établir les liens entre 4 accusés, le Crédit Suisse et un réseau de trafic de cocaïne.

Il se tient au Tribunal Pénal Fédéral à Bellinzone.¹

Les accusations concernent le blanchiment d’importantes sommes d’argent ainsi que la réalisation de faux documents. Dans la continuité et selon le niveau responsabilité, l’accusation porte sur la participation pure et simple à une organisation criminelle.

Les montants concernés par cette procédure judiciaires concernent plusieurs dizaines de millions d’euros.

L’argent est suspecté d’être issu du narcotrafic réalisé entre l’Amérique du Sud et l’Europe.

Evelin Banev en 2013 fut condamné à 7 ans de prison en Bulgarie pour blanchiment d’argent et à 20 ans en Italie pour participation à une organisation criminelle. Ces deux décisions furent révoquées en appel un an plus tard. Il fait parti des accusés dans le procès se déroulant en Suisse.², ³

Le contexte : Le réseau Evelin Banev, acquitté mais toujours suspecté :

Personnage sulfureux qui pourrait aisément faire l’objet d’une série tant son parcours est aussi impressionnant que ses déboires judiciaires.

Officiellement, sa fortune s’est établie dans les années 90’s lors de la bulle internet. Cet épisode boursier consiste en une spéculation colossale lors de la démocratisation du réseau internet. Plusieurs individus ont alors quitté leur métier pour se consacrer à la finance. Evelin Banev fait parti de ceux qui en sont sortis gagnants.

A la suite de cet enrichissement éclair, Banev devient un important investisseur dans les projets Bulgares.

Mais le loup de Wall Street version Sofia est rapidement englué dans plusieurs procès. Le dernier débutant en février 2022, s’inscrit dans une histoire plus longue. C’est donc en plongeant dans le passif judiciaire du personnage que l’on peut en apprendre davantage.

En 2007 le procureur de la capitale bulgare l’accuse d’avoir mis en place une organisation criminelle et un réseau de blanchiment d’argent.
L’année suivante, le procureur obtient de la part des autorités Suisses, la transmission de données bancaires en lien avec Evelin Banev. Pour obtenir ces informations, il a été établi par le journal Trud³, que le Procureur bulgare a du documenter la participation de l’accusé au trafic de cocaïne. Le seul motif de blanchiment aurait reçu moins d’attention à cette époque. Plusieurs accords signés par la Suisse en faveur de la transparence financière ont eu lieu depuis.⁵

Le procureur, dont l’identité est restée anonyme à des fins de sécurité, a fourni des éléments de preuve concernant des opérations de narcotrafics réalisées entre 2002 et 2005, depuis l’Espagne, en lien avec des sociétés enregistrées en Suisse. Sociétés dont les mandataires sont actifs en Bulgarie mais qui n’ont pas déclaré leur activité sur le territoire nationale. L’élément le plus probant étant la saisi de 3500 kilos de cocaïne par les autorités espagnoles. Mais on compte aussi une liste de propriétés à l’étranger et des saisis de liquidités dans des compartiments cachés de véhicules transitant vers la Bulgarie³.

Les trois entreprises : Valner Finance Corp, Overton Services Ltd et Bayle Park Ltd; ainsi que leurs mandataires, ont déposé un recours auprès du Tribunal suisse pour casser la demande de partage des données bancaires. La Suisse a refusé ce recours et transmis plusieurs documents.

L’échec judiciaire :

Jusqu’en 2012 le volet judiciaire poursuit son chemin en recevant des accusations de différents médias ukrainiens concernant un excès d’autorité de la part du Procureur . Le procès est fortement médiatisé notamment à partir de l’entrée en action de la justice Italienne, incluse dans le dossier en raison de liens supposés de l’accusé avec la Ndrengeta. C’est cette médiatisation, organisée à travers l’opération « Cocaïne Kings » qui est pointée du doigt comme servant à compenser le manque de matérialité des preuves incluant Evelin Banev dans les accusés. Et aussi dénoncé la rapidité de l’extradition de Banev vers l’Italie, perçue comme une tentative de déstabiliser la défense.

En février 2013 il est condamné à 7 ans de prison par le Tribunal Pénal de Sofia. Les trois entreprises accusées à ses côtés ont elles étaient acquittées. Un mois plus tard il est condamné à 20 ans de prison par le Tribunal de Milan. La décision bulgare est ensuite cassée en 2014, tout comme la décision italienne en 2015. En cause : les décisions de justice n’établissent pas de lien directs entre l’accusé et le narcotrafic mais reposeraient seulement sur des témoignages. Le reste graviterait autour de monsieur Banev sans qu’il n’en soit au courant, ni responsable. On dirait du Nicolas Sarkozy.

Les enjeux : surpasser l’omerta et les difficultés d’enquête pour résister au grand banditisme :

L’environnement qui accompagne les personnes accusées est comme pour chaque affaire liée à des réseaux criminels internationaux, assez lugubre et oppressant.

Lors du procès de Sofia en 2007, on découvre que la sœur de l’ex femme d’Evelin Banev était l’épouse de Konstantin Dishliev, bulgare et trafiquant de cocaïne assassiné deux ans plus tôt. Un assassinat qui a agité la presse après des révélations du Télégraph au sujet de deux autres caïds assassinés après avoir tous utilisé le même numéro de téléphone.
Romanesque, probablement emprunt de légendes urbaines, l’anecdote souligne néanmoins une épuration au sein du milieu de la drogue bulgare, concernant des personnes ayant pu avoir des liens d’affaire ou familiaux avec Evelin Banev.

En mars 2013, la fille de Banev est enlevée en pleine rue. Elle est relâchée un mois plus tard en échange d’une rançon de 500.000 euros. Le procureur émet alors l’hypothèse qu’il pourrait s’agir d’une intimidation pour dissuader Banev de parler durant son procès.

Cependant l’excès de médiatisation et les précipitations des justices italiennes et bulgares posent un problème à la fois de légitimité et d’analyse. Opposant les partisans d’un Banev décrit comme faisant face à la dictature des juges, mais qui peuvent avoir des liens d’intérêt avec ses affaires (le style « Balkany »), face aux partisans d’une procédure légitime dans le cadre de la lutte contre le blanchiment et le narcotrafic, mais qui peuvent bénéficier aux rivaux de Banev en libérant ses parts de marché dans la criminalité ou dans les affaires. Si bien que devant tant d’accusations, d’enjeux et d’acquittement, le citoyen (et le journaliste en est un) est totalement démuni pour juger.

Le procès ayant lieu en Suisse est donc déterminant puisqu’en s’intéressant à nouveaux à la circulation des capitaux et son blanchiment, il est envisageable de prouver des liens entre l’homme d’affaire et un narcotrafic. Et contrairement aux procès réalisés en Italie et en Bulgarie, celui ci intervient après 15 années d’enquête.

Sources :

1 – Article de Le Temps, journal suisse, du 7 février 2022 : https://www.letemps.ch/economie/credit-suisse-millions-drogue-bulgare
2 – Article de la Tribune de Genève, du 30 janvier 2022 : https://www.tdg.ch/chez-credit-suisse-les-millions-de-la-cocaine-debarquaient-en-valise-a-roulettes-751855964290
3 – Archives rapportant le contenu d’un article du journal Trud : https://web.archive.org/web/20111004132015/http://dnes.dir.bg/temite/news/sad-brendo-3728629?tag_id=45223
4 – Article du journal Dnevnik, de 2013 : https://www.dnevnik.bg/bulgaria/2013/03/05/2015611_koi_e_evelin_banev-brendo/
5 – Du secret bancaire à la transparence financière, dossier de droit européen, par Molo, Giovani : https://www.schulthess.com/verlag/detail/ISBN-9783725586547/Molo-Giovanni/Du-secret-bancaire-a-la-transparence-financiere
6 – Article de Capital.bg, dénonçant une procédure partisane : https://www.capital.bg/politika_i_ikonomika/bulgaria/2007/06/22/352099_i_deloto_sreshtu_brendo_izduhva/
7 – Histoire romanesque d’un numéro de téléphone utilisé par trois criminels assassinés, article du Télégraph, mai 2010 : https://www.telegraph.co.uk/technology/news/7763578/Mobile-phone-number-suspended-after-three-users-die-in-10-years.html
8 – Article de la BBC du 5 mars 2013 concernant l’enlèvement de la fille d’Evelin Banev : https://www.bbc.com/news/world-europe-21673340